Témoignage : Une femme partage son expérience de la perte de cheveux

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By Juliana

Depuis toujours, mes cheveux étaient magnifiques : souples et volumineux. Je chérissais la manière dont ils cascadaient sur mes épaules quand je les nouais. La beauté de ma chevelure a toujours été essentielle pour moi, même avant de commencer à les perdre. Je tente de comprendre l’origine de cette obsession, sans succès. Peut-être est-ce dû au fait que ma mère a une chevelure rare. Je me suis souvent dit que je ne voulais pas lui ressembler.

Je me rappelle avoir vu, vers 12 ou 13 ans, un programme sur des hommes chauves se faisant greffer des cheveux en Turquie. À l’époque, je me suis interrogée : « Pourquoi Jean Dujardin ne fait-il pas de même ? Ça ne l’embête pas d’avoir des tempes dégarnies ? » L’idée de perdre ma vaste chevelure me paraissait totalement inacceptable.

« À chaque brossage, des touffes de cheveux partaient »

En 2019, lors d’un séjour en Australie, j’ai constaté que mes tempes commençaient à se dégarnir. Je réalisais que ma densité capillaire diminuait. Ce n’était pas une perte massive, mais je ressentais nettement une diminution. Mon ressenti était clair.

En 2022, la situation s’est aggravée. À chaque brossage, chaque lavage, des touffes de cheveux tombaient. C’est à ce moment que ma chute de cheveux a réellement commencé… et n’a jamais cessé.

Lorsque cela s’est produit, j’avais récemment atterri au Mexique pour y passer trois mois. J’ignorais comment consulter un spécialiste. J’ai donc fait des recherches sur Google et Google Images en tapant « perte de cheveux ». Les images vues me stresse encore aujourd’hui : des femmes sans cheveux ou avec une chevelure clairsemée. Certaines avaient totalement perdu leurs cheveux en un rien de temps. Je me suis dit : « C’est ce qui m’attend. Voilà à quoi je vais ressembler. » Cette pensée m’angoissait énormément.

« Si vos cheveux s’affinent, c’est signe d’alopécie. »

C’est grâce à une naturopathe que je suivais sur Instagram que j’ai commencé à comprendre ma situation. Elle partageait son expérience avec l’alopécie androgénétique, et je me retrouvais dans ses mots. Ainsi, j’ai commencé à m’informer sur ce type d’alopécie.

De retour en France en avril 2022, j’ai pris rendez-vous avec une dermatologue pour établir un diagnostic précis concernant ma perte de cheveux. Est-ce temporaire ? Est-ce sérieux ? Elle a réalisé un examen capillaire au microscope sur des cheveux arrachés. Son verdict a confirmé mes inquiétudes : « Si vos cheveux s’affinent, c’est un signe d’alopécie. »

Après la consultation, j’ai ressenti une angoisse profonde. Mes craintes devenaient réelles. « Voilà ma vie, je vais finir chauve. Je vais ressembler à ma mère. » J’étais submergée par l’anxiété.

« J’ai tout tenté pour stopper la perte »

Ma première démarche a été de consulter d’autres dermatologues afin de valider ou contredire ce diagnostic. Certains affirmaient que je n’avais rien, mais j’ai persisté dans mes recherches. En juin 2022, j’ai rencontré un spécialiste des cheveux. Après un examen approfondi, il a confirmé que j’avais une alopécie androgénétique.

Je ne pouvais pas accepter cette vérité. Tellement stressée, j’ai multiplié les tentatives pour inverser la perte de mes cheveux. J’ai consulté de nombreux marabouts dans toute la France. Je souhaitais éradiquer cette alopécie. Il me semblait impensable de la laisser devenir ma réalité.

« La société privilégie l’apparence, et cela m’inquiète »

Ce diagnostic a marqué le début d’un deuil pour moi. D’une représentation de moi-même qui ne verrait jamais le jour. Je m’étais toujours imaginé en femme âgée avec une longue chevelure blanche, entourée de chats. Penser à mon alopécie signifiait renoncer à cette vision.

De nouvelles craintes ont émergé, notamment celle de perdre ma profession. C’est difficile à admettre, mais je me suis interrogé : « Mes élèves voudront-ils toujours suivre mes cours si je deviens chauve ? Mon alopécie pourrait-elle les rebuter ? » C’est une pensée absurde, mais notre société valorise fortement l’apparence. J’ai peur que mon alopécie m’isole, que l’on m’écarte à cause de ça.

De plus, au moment du diagnostic, j’étais encore célibataire. Au-delà de l’aspect physique, je craignais que cette condition nuise à mes opportunités amoureuses. Je redoutais qu’aucun homme n’accepte de partager sa vie avec une femme qui deviendrait chauve.

« Ta beauté dépasse le corps »

Puis, j’ai rencontré Julien. Il a été un soutien précieux qui m’aide à accepter progressivement le diagnostic. Il me rassure en me disant : « Ta beauté va au-delà de ton enveloppe charnelle; je t’apprécie pour qui tu es intérieurement. »

Ses paroles m’aident à retrouver un peu de confiance. Pourtant, depuis le diagnostic, je prends nettement moins soin de moi. Chaque jour, je me reconnais un peu moins dans le miroir. Mon apparence devient négligée, et je me désole liant mes cheveux plats à mon manque d’intérêt.

« Cela va m’inciter à redéfinir la beauté »

Grâce à Julien, je commence à envisager une nouvelle approche de ma féminité. Sa vision de moi m’encourage à explorer des solutions que je trouvais auparavant irréalistes. Il dit souvent : « Tu seras magnifique avec les cheveux rasés. Les femmes rasées, je les trouve incroyables. »

Malgré mes appréhensions, je ressens parfois un frisson d’excitation à l’idée de me raser la tête. Ayant toujours voulu être unique, je me dis que ce style pourrait me convenir et que je pourrais être belle ainsi.

J’admets que je me répète ce mantra pour me rassurer. Cependant, l’angoisse de devenir chauve me pousse à chercher une confiance qui ne repose pas sur l’apparence. Je souhaite explorer la beauté sous d’autres formes, réévaluer ma perception de la femme et de la féminité.

« J’accepte l’avenir tel qu’il vient »

Évidemment, cela ne signifie pas que l’idée de devenir chauve ne m’inquiète pas. Mon téléphone regorge de photos de mes cheveux, et chaque fois que je passe le balai, voir ceux que j’ai perdus me stresse.

Cependant, j’ai cessé de lutter contre la perte. Ce combat alimentait une énergie négative que je ne souhaitais plus. Aujourd’hui, je fais attention à mon bien-être. Je suis prête à accepter ce qui pourrait se produire.

C’est pourquoi je commence à partager mon expérience avec mon entourage. Cela m’aide à relativiser mes peurs. En septembre, j’ai évoqué la possibilité de me raser la tête avec mes élèves. Les messages de soutien que je reçois me touchent et me renforcent. Je sais que beaucoup célébreront ce choix avec moi.

J’ai également acquis une perruque que je porte avec plaisir. Cela m’aide à harmonieusement me sentir bien dans ma peau. J’en avais besoin pour apaiser une part de moi.

« Chaque épreuve est une leçon à tirer »

Aujourd’hui, je parviens à envisager acceptant ce nouveau moi. J’éprouve toujours des craintes, mais elles génèrent moins d’angoisse. J’essaie de cultiver une image sereine en me répétant que cela va être positif.

Le chemin est encore long, mais si l’idée de porter un crâne rasé ou une perruque devient attrayante pour moi, c’est déjà une grande victoire. Lorsque cela se présentera réellement, je serai mieux préparée.

Les réseaux sociaux m’ont beaucoup aidé à appréhender mon alopécie. Je suis des femmes vivant la même expérience et je les trouve magnifiques. Je vais m’approprier cette pensée pour accepter ma réalité future.

Car l’adaptation fait partie de l’humain. Nous sommes tous résilients. Ainsi, je m’adapterai. Je me répète qu’il existe une leçon à tirer, une célébration à faire face à cette épreuve. C’est à moi d’en faire une force au lieu d’une faiblesse.

Les prénoms ont été changés.

Juliana

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